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Smart City et reconnaissance faciale : entre dangers et sécurité

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Décriée ou encensée, la reconnaissance faciale fait débat. Obligatoire en Chine depuis le 1er décembre 2019, elle est pourtant loin de faire l'unanimité. Son utilisation plus raisonnée mais de plus en plus développée dans le reste du monde soulève de nombreux débats. Entre dangers et sécurité, entre atouts et dérives, attachons-nous à comprendre cette relation ambivalente que nourrissent les citoyens envers la reconnaissance faciale dans leur Smart City.

Qu'est-ce que la reconnaissance faciale ?


Partie de plus en plus prenante de la Smart City, la reconnaissance faciale est aujourd'hui brandie comme un outil de sécurité par les pouvoirs publics et autres dirigeants. Intégrée dans notre quotidien, commençons par la cerner et par en découvrir les usages les plus ancrés.

La reconnaissance faciale c'est quoi ?


Quelle meilleure définition que celle de la CNIL (Commission Nationale de l'Informatique et des Libertés) pour définir la reconnaissance faciale ? Il s'agit donc selon la Commission d'une technique qui utilise les traits du visage pour authentifier une personne et/ou l'identifier dans un groupe d'individus ou dans une base de données.


La reconnaissance faciale utilise des données biométriques, à savoir des "données à caractère personnel résultant d'un traitement technique spécifique, relatives aux caractéristiques physiques, physiologiques ou comportementales d'une personne physique, qui permettent ou confirment son identification unique, telles que des images faciales ou des données dactyloscopiques" selon l'article 4 du RGPD (Règlement Général sur la Protection des Données).  


Bon à savoir : il est une erreur fréquente qui consiste à confondre ou assimiler la reconnaissance faciale et la détection de visage. Il n'en est rien. La première est telle que la définit la CNIL, la seconde permet de détecter la présence d'un visage ou non sur une image.

Les usages de la reconnaissance faciale dans notre quotidien


Vous ne le savez peut-être pas, mais la reconnaissance faciale occupe déjà une grande place dans nos usages quotidiens. Elle est notamment implémentée dans nos smartphones que nous utilisons de manière intensive chaque jour. Vous pouvez par exemple choisir de déverrouiller votre smartphone via la reconnaissance faciale en lieu et place du traditionnel code PIN. La reconnaissance faciale peut également permettre d'accéder à certaines applications de manière sécurisée. Un coup d'œil et le tour est joué.

Vers des dérives de la reconnaissance faciale en Chine ?


La Chine n'est pas connue pour ses usages modérés des nouvelles technologies, bien au contraire. Depuis quelques mois, elle est même passée au 100% reconnaissance faciale…

Reconnaissance faciale, un nouveau cap franchi en Chine


C'est officiel, depuis le 1er décembre 2019, la Chine est pleinement impliquée dans la généralisation de la reconnaissance faciale. Plus encore, c'est un vrai cap qui a été franchi dans les Smart Cities chinoises avec la généralisation de l'utilisation de la reconnaissance faciale dans le pays. Ce sont ainsi des millions de caméras qui sont présentes sur le territoire avec pour objectif d'identifier les individus. Depuis décembre dernier, les Chinois qui achètent un téléphone portable n'ont d'autre choix que celui d'accepter de se soumettre à la reconnaissance faciale. Un système est installé dans les appareils associant numéro de téléphone et données.


Depuis quelques années, la reconnaissance faciale est intégrée dans de nombreux usages en Chine. On pense notamment aux hôtels, aux grandes écoles, aux universités ou encore aux aéroports. Si le pays est adepte de cette technologie, elle nourrit également le projet de devenir le leader mondial en matière d'intelligence artificielle et de 100% numérique.

La reconnaissance faciale décriée par certains citoyens


Si une grande partie des Chinois a intégré la reconnaissance faciale dans son quotidien sans s'y opposer, d'autres sont défavorables à sa généralisation. C'est le cas du renommé professeur de droit Guo Bing qui a entamé une procédure judiciaire à l'encontre du parc animalier de Hangzhou. L'établissement souhaitait en effet scanner son visage, ce à quoi il s'est opposé.


Malgré ses opposants de plus en plus nombreux, la Chine ne compte pas s'arrêter là. Elle souhaite notamment que sa technologie de pointe en matière de reconnaissance faciale et d'intelligence artificielle soit présente et exportée dans le monde entier. Et pour convaincre ses "partenaires", la Chine affiche d'imparables arguments à l'image de la ville de Valenciennes qui a établi un contrat avec Huawei, le géant chinois. L'objectif ? Mettre en place gratuitement des caméras de vidéosurveillance sur son territoire.

Le déploiement de la reconnaissance faciale en Europe


Si la Chine fait parler d'elle en matière de nouvelles technologies et de reconnaissance faciale, l'Europe emprunte également ce chemin, plus modéré toutefois. La technologie séduit mais avec davantage de raison, de parcimonie et d'écoute de ses citoyens. Le ministre de l'intérieur allemand Horst Seehofer prévoyait l'installation d'équipements de reconnaissance faciale, de caméras notamment, dans plusieurs gares et aéroports du pays. Mais les opposants nombreux ont mis un terme à ce projet.


La France a quant à elle quelques longueurs d'avance. Elle a même développé un système de reconnaissance faciale permettant d'accéder à différents services publics. Cette application développée par le ministère de l'Intérieur et par l'Agence nationale des titres sécurisés (ANTS) a été prénommée Alicem. Elle a aujourd'hui fait ses preuves pour prouver son identité en ligne et de manière 100% sécurisée par le simple biais d'un smartphone couplé avec un passeport ou un titre de séjour. 

Les préconisations de la CNIL en matière de reconnaissance faciale


Dirigeons à présent notre attention vers les usages de la reconnaissance faciale en France. Beaucoup plus réglementée qu'en Chine, son implémentation est cependant rapide. La CNIL veille à un déploiement dans les règles de l'art.

Des débats en amont de l'implémentation de la reconnaissance faciale


La CNIL s'est invitée dans les récents débats autour de l'adoption de la reconnaissance faciale en France. Si le gouvernement est convaincu par la technologie, la Commission met en garde et demande d'axer les débats de manière très méthodique autour de quatre axes identifiés, à savoir :


• La présentation technique de ce qu'est et de ce qu'apporte la reconnaissance faciale.
• La communication sur les risques éthiques, technologiques et sociétaux liés à l'utilisation de la reconnaissance faciale.
• La prise de conscience du cadre juridique autour de la reconnaissance faciale et de son expérimentation.
• Le rôle capital de la CNIL dans le déploiement, même expérimental, du système de reconnaissance faciale.


La ligne conductrice de la CNIL ajoute également une analyse d'impact relative à la protection des données (AIPD) avant mise en œuvre de la reconnaissance faciale. L'AIPD permet de traiter les données de manière respectueuse de la vie privée tout en s'assurant de leur conformité avec le RGPD.

La reconnaissance faciale, un outil de l'État


Nous l'avons dit, les données traitées par la reconnaissance faciale sont des données biométriques aussi qualifiées de sensibles. Il faut donc savoir que l'utilisation de ces données pour identifier une personne physique est en principe interdite dans le cadre du RGPD (article 9.1). Mais devant les avantages que peut présenter la reconnaissance faciale, son utilisation est permise dans certains cas très encadrés. Les données peuvent ainsi être utilisées à des fins d'identification si la personne a affirmé son consentement, si elles sont nécessaires pour des motifs d'intérêts publics ou encore si les données bien que personnelles ont déjà été rendues publiques par l'intéressé(e).


Si le gouvernement français plébiscite largement, milite même, pour l'utilisation de la reconnaissance faciale, c'est avant tout parce qu'elle présente de sérieux avantages juridiques et sociétaux. Le secrétaire d'État au Numérique, Cédric O, met en avant les atouts de la technologie dans des domaines aussi divers que variés et notamment "dans le domaine de la santé, des usages privés, de l'ordre public et de la sécurité."


Autre fervent défenseur de la reconnaissance faciale, le maire de Nice, Christian Estrosi. La ville est actuellement celle qui compte le plus de caméras de vidéosurveillance sur son territoire en France. Pour son maire, la reconnaissance faciale est l'outil qui permettrait de rendre la Smart City plus sûre, plus sécurisée, de réduire la criminalité… Une vision partagée par de nombreux citoyens qui, à tort ou à raison, ressentent de l'insécurité au sein de leur territoire ville. Les autorités publiques prennent donc de plus en plus le parti d'intégrer la reconnaissance faciale dans leurs systèmes de vidéosurveillance. 

Les dérives de la reconnaissance faciale dans la Smart City


Si sur papier les arguments en faveur de la reconnaissance faciale semblent nombreux, il ne faut pas oublier de garder un œil critique sur une technologie (un brin) intrusive.

Une généralisation de la reconnaissance faciale qui échappe aux réglementations


En brandissant cet atout de la reconnaissance faciale pour la sécurité de chacun, la technologie est déployée progressivement mais rapidement. On ne compte plus le nombre de gares françaises qui sont aujourd'hui équipées d'un système de reconnaissance faciale. L'objectif ? L'identification d'individus dangereux. Dans les aéroports, la reconnaissance faciale permet de détecter les fraudes éventuelles via un système de comparaison biométrique. Pour faire simple, il est possible de comparer rapidement le visage de la personne présentée et celui affiché sur son passeport. Un principe qui permet également de réguler le flux de voyageurs lors de l'embarquement.


La reconnaissance faciale s'émancipe donc de l'interdiction d'utiliser les données biométriques car elle permet d'assurer l'ordre public et la sécurité des citoyens. C'est avec cet objectif que les lycées de Marseille et de Nice ont adopté la reconnaissance faciale en 2018 sous forme d'expérimentation intitulée "comparaison faciale".


Enfin, hors réglementation toujours, la reconnaissance faciale apporte une réponse et des outils efficaces en matière pénale. Les caméras de vidéosurveillance installées dans les rues, les stades et les transports en commun font gagner un temps précieux et une efficacité sans pareil lors de potentielles enquêtes pénales. La reconnaissance faciale est ici utilisée pour la détection et la prévention d'infractions pénales mais aussi pour des enquêtes, pour des poursuites ou encore pour l'exécution de sanctions pénales.


Mais attention, ces données ne peuvent être utilisées qu'en cas de nécessité absolue, si des intérêts vitaux sont à protéger par exemple.

Les risques liés à l'utilisation de la reconnaissance faciale


La reconnaissance faciale est donc très largement intégrée dans notre quotidien, que cela soit via notre smartphone ou notre ordinateur portable, ou dans nos rues et lieux publics. Dans le cadre d'un usage personnel, elle nous permet de nous authentifier facilement, d'acheter en ligne de manière sécurisée ou d'accéder à divers services en un simple scan. Mais malgré tous les avantages que présente cette technologie, se méfier et avoir conscience des risques qui lui sont liés est indispensable.


Avez-vous une idée du premier risque inhérent à la reconnaissance faciale ? Si elle n'est pas strictement encadrée, cette technologie peut mettre à mal les libertés individuelles. Une dérive d'ailleurs pointée du doigt par la CNIL qui met en avant le danger lié à la liberté d'aller et de venir de manière totalement libre et anonyme tout en veillant au respect de sa vie privée


La CNIL affirme même que la reconnaissance faciale est un procédé qui revêt "un caractère intrusif" pour les citoyens et qui, dans certains cas, peut ne pas respecter les libertés telles que définies dans la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen.


Reprenons l'expérimentation précitée dans les lycées de Nice et de Marseille. "Les dispositifs de contrôle d'accès virtuel" ont finalement été dénoncés par de nombreuses associations de défense des libertés individuelles. Le Tribunal Administratif de Marseille a mis en avant le "caractère disproportionné par rapport aux finalités poursuivies." L'expérimentation a donc été interdite.

Un encadrement nécessaire de la reconnaissance faciale dans la Smart City


La CNIL l'admet, la reconnaissance faciale a ses utilités et n'en est plus à ses débuts. Elle a fait ses preuves dans de nombreux cas. Cependant, sans encadrement, les dérives guettent. Et pour la Commission ce cadre n'est pas encore clairement et suffisamment défini alors que la mise en œuvre et la généralisation de la technologie est de plus en plus importante.


La reconnaissance faciale doit obligatoirement respecter aujourd'hui la réglementation européenne en matière de traitement des données personnelles. La Commission de l'Union européenne souhaite aujourd'hui disposer d'un retour d'informations exhaustif et mener un débat européen quant à l'adoption et aux usages de la reconnaissance faciale. Concernant l'utilisation de la reconnaissance faciale, elle évoque des "exigences spécifiques" et que "l'IA ne peut être utilisée à des fins d'identification biométrique à distance que lorsque cette utilisation est dûment justifiée, proportionnée et assortie de garanties adéquates".


Dans ce laps de temps qui sépare l'actuelle utilisation de la reconnaissance faciale et cette nouvelle réglementation plus précise annoncée, les textes du RGPD prévalent.

Le cas de la Safe City


Pour terminer notre tour d'horizon de l'implémentation de la reconnaissance faciale dans la ville, arrêtons-nous sur la Safe City dont l'appellation même repose sur cette technologie. Pour répondre au sentiment d'insécurité pointé du doigt par les citadins, la Safe City gagne du terrain. Un phénomène récent mais pourtant bien présent.


Des projets de Safe Cities voient le jour un peu partout en France. Considérées comme des Smart Cities pendant un temps, Marseille, Nice, Valenciennes, Dijon ou encore Saint-Etienne prennent un virage, celui de la Safe City. Mais comment ? En adoptant sur leur territoire des dispositifs 100% numériques permettant une lutte de tous les instants contre l'ennemi invisible, contre les dangers présentés dans l'espace urbain. Une vidéo surveillance dite intelligente est implantée dans ces villes avec analyse d'images algorithmiques à la clé. Via ce système, il est possible de détecter les violences, des intrusions, des mouvements de foule anormaux. Des plateformes d'hypervision permettent ensuite de gérer ces événements très rapidement. On assiste donc progressivement à l'émergence d'un marché de la sécurité urbaine, un développement soutenu par l'Union européenne qui a accordé plus de 11 milliards de dollars entre 2014 et 2020 à ce marché de la sécurité. En tête des investissements ? L'émergence des nouvelles technologies.


Êtes-vous méfiant quant à l'utilisation de la reconnaissance faciale sur le territoire ville ? Pour quelle(s) raison(s) ?

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