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Crise sanitaire, nouvelles dépenses en vue pour la safe city

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Les collectivités misent sur les innovations technologiques pour faire face à la crise sanitaire. La smart city et plus spécifiquement la safe city investit ainsi des sommes souvent colossales dans la prévention sanitaire. Mais est-ce réellement efficace ? La crise sanitaire peut elle être en partie enrayée dans la safe city grâce aux nouvelles technologies ? Tentons de le déterminer aider par les initiatives locales.

Crise sanitaire et safe city : les nouveautés

Voilà des mois que la France, et plus largement le monde, sont traversés par la crise sanitaire du coronavirus. Avec elle, la safe city, pendant sécuritaire de la smart city, fait appel à des entreprises privées prenant appui sur les nouvelles technologies pour tenter de contrer les effets et conséquences du virus et assurer la sécurité sanitaire de ses occupants.


Si vous vivez dans une grande ville, vous avez peut-être connaissance de certaines solutions mises en place depuis le printemps. On pense notamment à la détection du port du masque dans les espaces publics, à l'analyse des distances entre les citadins ou encore, pour aller plus loin, à la prise de température via des caméras thermiques.


Des solutions novatrices qui peuvent à première vue rassurer les citoyens, encourageant les élus locaux à se positionner et à faire appel aux entreprises privées pour les installer : "Vous ne trouverez pas un élu local qui dira sérieusement que ces innovations technologiques ne l’intéressent pas", estime le maire (UDI) de Mennecy, Jean-Philippe Dugoin-Clément. Et il en est le premier exemple avec une enveloppe de 6 000€ investie dans trois caméras thermiques portatives au printemps dernier, lors de la première vague.


Ainsi, le week-end du 1er mai 2020, les appareils ont œuvré sur le marché de la ville. "Nous savons que la température n’est qu’un élément parmi d’autres à prendre en compte, mais c’est un outil de sécurisation supplémentaire pour la collectivité et les habitants, explique le maire. Il s’agit de repérer l’empreinte thermique de la personne et en aucun cas l’empreinte visuelle. Et contrairement à nos caméras de rue couplées au centre de supervision urbain, rien n’est enregistré."
Mais rassurez-vous, si vous résidez à Mennecy, les tests sont effectués sur les volontaires uniquement.

La question de l'efficacité des nouvelles technologies dans la safe city pour lutter contre la crise sanitaire

Bien que les solutions proposées semblent séduisantes sur papier, certains détracteurs n'hésitent pas à donner leur avis : les collectivités ne doivent pas céder à ce genre d'équipement. C'est le cas de Dominique Legrand, président de l'AN2V, qui est totalement contre ces investissements : "C’est un matériel qui n’est fiable qu’à 5 ou 10 % au maximum et qui risque de laisser passer des personnes malades ou asymptomatiques, précise-t-il. Et si une personne a effectivement de la température, que fait-on ? Rien ne lui interdit d’entrer quand même. Est-ce que cela vaut le coup d’investir autant sous prétexte d’être rassuré ? Il vaut mieux travailler sur les gestes barrière, les aménagements pour assurer la distanciation physique, les sens de circulation… C’est infiniment plus rassurant qu’une caméra thermique posée sur un trépied."


Dominique Legrand fait ici référence à la caméra fixe installée à Lisses, une petite commune de 7 400 habitants. Pour 15 000€ au total, la ville en a équipé son pôle administratif.


Mais ensuite ? Que deviendront ces coûteux investissements ? Le matériel peut-il être réutilisé et changer d'usage ? Dans le cas des caméras thermiques, elles peuvent être utiles pour repérer les personnes vulnérables lors des pics de canicule par exemple ou pour identifier les bâtiments en situation de déperdition thermique pour l'actuel maire de Mennecy.


Nous citions en début d'article un autre équipement étonnant permettant de détecter le port du masque ou non. C'est ainsi que la ville de Cannes a testé une technologie identifiant les personnes en infraction pour non port du masque ou pour distanciation non respectée, dans les transports en commun principalement mais également dans les marchés de la ville.


"Les caméras de surveillance déjà en place sont équipées de notre logiciel, affirme le cofondateur de la start-up parisienne Datakalab, Franck Tapiro. On ne filme pas, on détecte simplement les mouvements qui sont transformés en données par notre algorithme à des fins de statistique pour aider à la décision."

Crise sanitaire et protection des données : où en est la safe city ?

Le respect des données personnelles est un enjeu fort de la safe city. C'est ainsi que l'on peut s'interroger sur les possibles dérives initiées par les nouvelles technologies utilisées pour "tracer" les infractions liées à la crise sanitaire.


Mais selon la Cnil sondée par Next Inpact, les premiers résultats sont favorables et la protection de ces mêmes données parfaitement assurée. La Cnil a indiqué que "les images des caméras seraient traitées dans le seul objectif de produire des indicateurs statistiques et ne seraient ni visualisées ni conservées" avant de conclure que "de telles mesures d’anonymisation présentent des garanties en matière de protection de la vie privée des personnes."


Sur le plan légal, les nouvelles technologies utilisées dans le cadre de la crise sanitaire peuvent être légitimées : "Le port du masque dans des espaces définis, tels que les transports ou les marchés, peut être vu comme une obligation sanitaire conforme aux recommandations du gouvernement, et donc être imposé, explique Me Yvon Goutal. Les technologies pour surveiller ou contrôler l’obligation ne sont donc pas juridiquement choquantes en termes de finalité d’intérêt général. Toute la complexité résidera dans les modalités de mise en œuvre : collecte des données, conservation, partage…"


Mais selon la loi toujours, ces technologies sont aujourd'hui considérées comme de simples indicateurs. Il est donc impossible pour les autorités de verbaliser en se basant sur ces dernières. Un travers qui interroge : si les données récoltées sont purement informatives et qu'il est impossible d'agir en conséquence, à quoi servent-elles vraiment ? Faut-il mettre en place un cadre juridique rapidement ?


Pour La Quadrature du net, la réponse est oui. L'association demande par la voie de son juriste Martin Drago "En temps de pandémie nombre d’expérimentations s’installent à tour de bras, alors qu’il n’y a eu aucun débat sur ces nouvelles technologies qui banalisent l’utilisation d’algorithmes appliqués à la vidéosurveillance automatisée dans l’espace public."

La prise de température dans la safe city

Que penser enfin de la prise de température imposée dans certaines safe cities ? Fin avril 2020, le Haut Conseil de la santé publique s'est prononcé : "en l’absence d’une recommandation médicale et/ou d’une décision des autorités publiques, les mesures de contrôle d’accès fondées sur la mesure de la température, qui auraient pour conséquence de refuser l’accès d’un bâtiment ou d’un établissement à une personne en raison de son état de santé, pourraient être considérées comme une violation des droits et libertés de la personne. Elles pourraient être discriminatoires et susceptibles de poursuites pénales". Les systèmes thermiques sont donc dans le viseur et les premiers retours mettent en garde contre les possibles dérives. L'association AN2V a même adressé un avis "défavorable sauf exception" à l'encontre de ces derniers.


Entre recherche de solutions et prévention, la safe city est entre deux. Difficile de jauger où la prévention est utile et où elle doit s'arrêter…


Que pensez-vous des nouvelles technologies utilisées en cette période de crise sanitaire dans la smart city ? Bonne ou mauvaise idée ? Avez-vous connaissance de dispositifs installés dans votre ville ?

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