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On ne passe pas par la case prison : un toit contre la récidive

Mis à jour le 0 Marché de l'immobilier
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Troquer un séjour en prison contre un logement, c’est l’idée d’une équipe de médecins et chercheurs marseillais pour lutter contre la récidive. Une grande phase de test est lancée pour observer les effets de ce programme. Un défi insolite et osé qui pourrait porter ses fruits sur le long terme.

Un logement au lieu de la prison : le projet


Auteurs d’actes de petite délinquance et personnes atteintes de troubles psychologiques, cette équipe de chercheurs marseillais veut les aider à se remettre sur pied, à se sortir d’un cercle infernal dans lequel ils sont souvent enfermés. Sans logement, ces personnes devraient aller en prison après avoir commis de petits délits. Mais médecins et chercheurs ont décidé de leur donner un toit à la place. Ce projet est dénommé Ailsi pour Alternative à l’incarcération par le logement et le suivi intensif. Et selon l’un des porteurs du projet, Pascal Vinarnic, « c’est un changement de regard sur la punition, un programme qui donne des chances aux jeunes de s’en sortir ».

Les débuts du test


À l’état de projet pour l’heure, les premières actions devraient être menées début 2019 à Marseille. Les bénéficiaires de ce programme seront repérés directement au tribunal pendant leur procès. Le test est davantage destiné à des jeunes hommes présentant un trouble mental sans logement et sans famille qui ont commis des délits mineurs comme du vol à l’étalage.
« On interviendra au moment du déferrement, la proposition de logement sera versée au dossier pénal, pour que le magistrat puisse décider ou non de l'appliquer », affirme Thomas Bosetti, psychiatre de Médecins de Monde. Ensuite, l’inculpé obtiendra une place dans un logement collectif puis dans un logement individuel. Il sera suivi de près par un psychiatre, un coach, un addictologue au besoin… Une véritable équipe pluridisciplinaire sera à ses côtés.

Pourquoi supprimer le passage en prison ?


Le coordinateur du projet, Thomas Bosetti explique qu’on « a constaté un parcours en portes battantes pour ces personnes entre la rue, la prison et l’hôpital ». Les auteurs de petits délités sont enfermés dans un cercle vicieux et ne parviennent pas à s’en sortir. Dès leur sortie de prison ils retournent dans la rue, recommencent leur délit et ainsi de suite. Thomas Bosetti présente dont le projet Ailsi comme un véritable tremplin pour casser ce cercle et se sortir de la spirale infernale, preuve à l’appui. Une vaste enquête a été menée auprès de cette cible, sur le terrain marseillais. Selon l’un des acteurs de cette étude, Warren Azoulay qui mène son doctorat en droit, les personnes qui sont porteuses d’un trouble mental et qui n’ont pas de logement sont 21 fois plus incarcérées que les autres. 


« La comparution immédiate, créée dans un souci d'accélération de la justice, est devenue une procédure d'abattage, pourvoyeuse d'incarcération de personnes précarisées », affirme Adeline Hazan (CGLPL) dans le cadre d’une conférence sur et pour le projet Ailsi. Elle explique également qu’elle "ne permet pas d'avoir une connaissance suffisante des pathologies mentales" du prévenu.
Qui plus est, en l’absence de médecin dans les cellules du tribunal marseillais depuis trois ans, les prévenus n’ont que très peu de chance de remettre le pied à l’étrier.

La prison, un facteur de récidive


Plus encore, un court séjour en prison (de 6 mois à un an) semble multiplier les chances de récidive voire de rupture totale avec la société et de désociabilisation.


Le test « un logement au lieu de la prison » est mis en place pour cinq ans sur le territoire marseillais. Cinq années au cours desquelles les chercheurs du laboratoire de santé publique qui œuvrent au sein de l’Université d’Aix-Marseille analyseront les résultats avec soin. Ils observeront ainsi les 100 personnes qui bénéficient du programme et 120 autres qui n’en profitent pas. Les résultats finaux démontreront si oui ou non le taux de récidive est diminué quand les prévenus ne passent pas par la case prison. « Le critère principal sera la durée d'incarcération, mais aussi l'hospitalisation, avec l'idée de montrer que ça revient moins cher pour la société de loger les auteurs de petits délits », affirme Thomas Bosetti. Le psychiatre rappelle également un chiffre alarmant : « une récidive en moyenne coûte 250.000 euros à l'État ».


Pensez-vous que ce type de projet peut fonctionner ? Que remplacer un séjour en prison par un logement peut permettre de lutter contre la récidive ?

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