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Eco-habitat : l'opération séduction du ciment vert

Mis à jour le 0 Eco-habitat
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Si l’on vous dit ciment vert, à quoi pensez-vous ? Un ciment de couleur verte, un ciment écologique, un nouveau mode de construction qui prend soin de la planète, un matériau inédit green friendly ? Un peu tout ça à la fois avec, en prime, un ciment capable de réduire l’empreinte carbone du bâtiment dès sa conception. Mais pourtant, ce ciment vert dont on parle régulièrement dans l’actualité immobilière de l’éco-habitat n’est pas tout à fait en adéquation avec le message qu’il véhicule et son positionnement. Un ciment vert pas si vert, on vous dit tout !

Le ciment, l’indispensable de la construction

Une fois n’est pas coutume, il est intéressant de savoir et de comprendre d’où vient le ciment, cet incontournable, cet indispensable depuis des années de la construction de maisons, de programmes immobiliers neufs, de bâtiments de bureaux, de loisirs mais aussi de mobilier urbain. Et le ciment n’est pas tout récent. Depuis sa découverte au 19ème siècle, il a intégré le secteur du bâtiment. Il s’agit d’un liant hydraulique, à savoir un matériau qui durcit sous l’effet de l’eau. Pour aller plus loin, le calcaire et l’argile réagissent pour former le béton que l’on connaît bien. Et on ne va pas se mentir, même si des alternatives émergent, quand il s’agit de murs, de dalles, de parpaings, de mortiers, d’enduits et plus encore, il est bien difficile de se passer du ciment. Alors oui, vous verrez s’édifier des constructions en paille, en bois ou encore en terre exclusivement, mais elles restent encore marginales.


Mais le ciment est aujourd’hui pointé du doigt. Pourquoi ? Parce que sa fabrication pollue et n’a rien d’écologique. Et c’est un euphémisme ! Fabriquer du ciment est l’une des entreprises les plus polluantes du monde. Certains industriels sont donc à la tâche pour concevoir d’autres solutions de construction permettant de délaisser pour tout ou partie le ciment. L’idée est bonne mais difficile à mettre en œuvre. Elle a cependant donné naissance au ciment vert, un matériau se revendiquant moins polluant que le traditionnel ciment. Un mode de construction mis en avant « Dans l’œil du 20h » sur France Télévisions (octobre 2020), de manière pas vraiment positive...

Le ciment vert, entre mythe et réalité

L’idée est tentante et séduisante, le concept également et l’on aimerait vraiment croire à la naissance d’un ciment vert, non polluant et bon pour l’environnement. Mais l’opération suscite des questions, des revendications, des réticences également. Entre utopie et réalité, les cimentiers espèrent bel et bien changer d’image et se défaire de leur veste de pollueur. Pas sûr qu’ils y parviennent…


Mais comment ce matériau présenté comme révolutionnaire est-il conçu ? Pour faire simple, le ciment peut être créé via deux méthodes. La première consiste à extraire du calcaire et de l’argile, à les chauffer à 1 500 degrés puis à les broyer. Ce procédé est utilisé depuis les débuts du ciment dans le domaine de la construction. Mais il est polluant, très polluant même car les cimenteries font usage de charbon pour atteindre la température idéale. Et qui dit charbon, dit émissions de dioxyde de carbone mauvaises pour la planète. Pour se rendre compte des dégâts engendrés, une donnée : 2 milliards de tonnes de ciment produites par année sur la planète avec 267 millions pour l’Europe seulement. Vous comprenez ainsi pourquoi il est indispensable de remédier à cette situation qui met les écologistes vent debout, à juste titre.


C’est de ce constat, de cette polémique même, qu’est née la seconde méthode de création du ciment, une méthode dite bas carbone par les professionnels et industriels. Dans cette dernière, le traitement du calcaire et de l’argile est remplacé par du laitier. Il s’agit d’un déchet de la fabrication de l’acier que l’on collecte à la sortie des hauts fourneaux. Mais cela suffit-il à se réclamer d’une révolution, d’une création de ciment vert ? Pas forcément… En effet, ces mêmes hauts fourneaux ne sont pas exemplaires en matière d’écologie et de développement durable. Le ciment vert est donc régulièrement assimilé à une vaste opération de greenwashing hasardeuse et trompeuse.


Nous sommes ici face à un semblant de vide. Le reportage diffusé sur TF1 pointe en effet du doigt un point important, confirmé par le ministre du Logement : « En amont, les aciéries qui produisent ce déchet ne le comptent pas dans leur bilan carbone. En aval, les gens du béton ne le comptabilisent pas non plus. C’est compté nulle part sauf que ce matériau existe bien. » « La prouesse est rendue possible par un tour de passe-passe, et surtout un vide juridique » explique « L’œil du 20h ».


Il faut donc creuser plus loin que les seuls dires des professionnels qui affirment que le laitier émet très peu de dioxyde de carbone. Pour Rory Mc Neill, directeur commercial chez Ecocem France, un des leaders de ce marché qui explose « En sortie de l’usine, chez nous, le laitier sort avec 17 kilos de CO2. » L’idée est vraiment séduisante sur le papier puisque cela représente 45 fois moins d’émissions environ que le traditionnel ciment. Mais vous l’avez compris, les acteurs du secteur se gardent bien d’évoquer le fonctionnement et la pollution émise par les hauts fourneaux. C’est donc sur un vide juridique que les cimentiers se positionnent pour mettre en avant un ciment vert et peu polluant, argument bien évidemment repris par les constructeurs qui se basent sur les fiches de données environnementales et sanitaires pour prôner le bas carbone des matériaux.


Un tour de passe-passe qui ne devrait pas durer dans le temps. Le gouvernement a en effet promis de se pencher sur la problématique et de combler le vide juridique. Ainsi, le ciment vert en l’état ne devrait pas rester si vert que ça dans les prochains mois. Pour autant, ne voyons pas tout en gris ! Le BTP est en effet conscient des progrès et efforts à fournir pour avancer dans le domaine des matériaux bas carbone. L’immobilier neuf chemine en ce sens depuis plusieurs années. Les initiatives d’éco-habitat des prochains temps seront intéressantes à observer dans leur innovation et leur pérennité.


Une chose reste certaine, les programmes immobiliers neufs en France qui sortent de terre aujourd’hui marchent main dans la main avec le gouvernement, les acteurs verts, certains industriels et autres start-ups… pour parvenir à des solutions viables et réellement écologiques. A suivre…

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