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Smart City : la Civic Tech donne la parole aux citoyens

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Ville durable, ville économe, mobilité douce à l'honneur, réflexion sur l'avenir, Big Date et exploitation intelligente des données, la Smart City ne s'arrête pas là. Grâce aux nouvelles technologies, elle entend donner plus largement la parole à ses citoyens. Le concept de la Civic Tech émerge un peu partout dans le monde amenant une démocratie active et participative tout en freinant, un peu, la décrédibilisation des classes politiques.

La nécessaire reconversion intelligente de la gouvernance dans la Smart City


Les "smart" déclinaisons n'en finissent pas de fleurir dans la ville intelligente. Des Smart Grids, à la Smartwater en passant par la Smart City, la reconversion intelligente de la gouvernance est à l'œuvre. Mais le cas des Civic Tech fait parfois débat. A-t-on vraiment besoin de la participation de tous pour créer une ville meilleure ?

Les offres proposées dans la Smart City


En 2013, Orange a lancé une application bêta prénommée "Ma ville dans ma poche". Elle a depuis été inaugurée à Bordeaux, Nantes ou encore Perpignan. Le principe de l'outil est simple : proposer aux usagers une interface permettant de "géolocaliser l'arrivée de son bus", mais aussi de "s'informer de la qualité du trafic" et de "consulter les horaires d'ouverture des services municipaux"

Pour un "aménagement idéal de la ville", Paris a fait appel à Cisco dans le but d'expérimenter des outils de fléchage de l'empreinte carbone des bâtiments publics.

Ces offres amènent une gestion unifiée et contrôlée des différents systèmes d'informations locaux. Comment ? En collectant massivement les données grâce à des capteurs intelligents, à des équipements de vidéosurveillance ou à d'autres équipements de réalité augmentée.

Mais d'autres actions ont été de cuisants échecs. On pense notamment à l'expérience Linky. Annoncé comme une révolution en matière de consommation électrique, le compteur intelligent n'a pour l'heure pas tenu ses promesses. Plus encore, il a mauvaise presse auprès des utilisateurs. La Cnil a même souligné et recadré le dispositif mettant en avant une collecte des données "trop détaillée, peu sécurisée et peu confidentielle" en 2015.

Des solutions locales qui rendent de grands services mais qui n'impliquent pas les citoyens dans les décisions territoriales. Impossible pour eux de faire remonter la réalité des usages alors même qu'ils sont les premiers concernés.

De l'outil facilitateur à l'outil moteur dans la ville intelligente


Pas de transformation majeure pour les citoyens donc avec l'utilisation des outils Smart City. Arrive donc la question de la place de l'usager dans son territoire ? Peut-on vraiment parler de ville intelligente s'il n'est pas en capacité de donner son avis, de faire remonter ses impressions et de prendre, avec ses politiques, des décisions le concernant directement ? Il semble qu'élus comme grands groupes ou entreprises acteurs des technologies de l'information aient un intérêt majeur dans l'intégration du citoyen dans son processus de décision et dans la direction à donner à la Smart City réussie.

Les Civic Tech à l'inverse de la logique consumériste de la ville intelligente


C'est ici qu'entrent en jeu les entreprises dites "Civic Tech". Elles rejettent le mouvement consumériste de la ville pensé par les acteurs de la Smart City. À la clé :

• Une meilleure information des citoyens relative aux projets locaux.
• La conception conjointe d'équipements qu'ils utiliseront.
Mais par quels moyens ? Via des blogs, des plateformes de participation collective et citoyenne mais aussi des chaînes YouTube et des actions de financement participatif locales.

Qu’est-ce que la Civic Tech ?


Etablir un nouveau rapport entre les gouvernants et les gouvernés ? C’est l’enjeu de la Civic Tech. De la représentation à la participation, les initiatives privées et publiques émergent dans la Smart City du monde entier.

Quelques définitions de la Civic Tech


La Civic Tech est un concept qui mérite encore quelques ajustements, mais l'une des définitions les plus évocatrices restent celle du fondateur de Civic Makers, Lawrence Grodeska : "Alors que le logiciel est en train de dévorer le monde, comme le proclame l’investisseur libéral Marc Andreessen, les relations citoyennes dans l’espace public entre les gens, les communautés, les villes, les gouvernements et les Etats, semblent résister aux avancées logicielles. Les Civic Tech sont un mouvement qui visent à revitaliser et transformer nos institutions sociales, mais les définitions en proposent des interprétations assez différentes les unes des autres."

Autre définition, celle de Techcrunch, site d'information dédié à l'actualité des startups internet, pour qui les Civic Tech donnent la possibilité "de rendre le gouvernement plus accessible, efficient et efficace" pour les citoyens. 

Le journaliste Alex Howard évoque lui "tout outil ou processus que les individus ou les groupes peuvent utiliser pour influer sur la scène politique". Mais pour Micah Sifry de Personal Democracy, les Civic Tech "ne peuvent pas être neutres". Cependant, il existe tout de même certaines Civic Tech "utilisées dans l'intérêt général et qui améliorent les conditions de vie du plus grand nombre, et pas seulement de quelques-uns". Celles-ci uniquement font preuve de neutralité.

Enfin, pour la Knight Foundation, la Civic Tech a l'obligation d'être "à la croisée de la technologie, l'innovation, d'un gouvernement ouvert et de l'engagement du citoyen" – Rapport analysant l'émergence de la Civic Tech publié en 2013.

Pour résumer la Civic Tech ou les Civic Tech serai(en)t un moyen de donner la parole aux citoyens dans la Smart City tout en facilitant les échanges avec les dirigeants. Des retours directement puisés sur le terrain permettant une démocratie participative et active.

Pourquoi la Civic Tech dans la Smart City ?


Les partis politiques décideurs représenteraient aujourd'hui seulement 0,58% des opinions de la population. Un chiffre révélateur d'une grande partie de passifs dans la démocratie qu'est la nôtre amenant à une décrédibilisation des classes politiques. La "technologie civique" comme peut être traduit le concept, a ainsi différents enjeux :

• Impliquer plus largement les citoyens de la Smart City dans les décisions publiques.
• Donner aux citoyens toutes les informations dont ils ont besoin pour prendre des décisions éclairées. Cela passe par l'ouverture des données publiques, par une volonté de grande transparence ou encore par des moyens permettant de comprendre les enjeux présents et de mieux maîtriser ceux de l'avenir.
• Permettre la co-construction de politiques publiques en s'appuyant sur les citoyens eux-mêmes.
• Permettre des améliorations en continu dans la ville intelligente.
• Utiliser les nouvelles technologies pour favoriser la démocratie.
• Rendre le processus démocratique plus fluide et plus rapide en supprimant les lenteurs administratives.

Les enjeux de la Civic Tech pour et dans la Smart City sont donc logiquement pluriels.

Un business naissant et prometteur autour de la Civic Tech


Devant l'importance de cette collecte de données, les institutions sont nombreuses à faire appel aux solutions de Civic Tech. La gestion de la relation au citoyen est devenue un indispensable. Les institutions sont donc à la recherche d'outils rapides, performants et transparents. Elles doivent aujourd'hui se prémunir d'une défiance grandissante envers les pouvoirs publics en optimisant les échanges avec les citoyens, plus encore avec ceux de la Smart City. 

Il y a quelques temps, Mike Montgomery expliquait dans Forbes que les dépenses liées aux "technologies civiques" pesaient pour 24% dans le chiffre d'affaires global des technologies de l'information. Un pourcentage qui ne cesse de croître avec des investissements en Civic Tech qui augmentent 14 fois plus rapidement que les autres. Et ce n'est qu'un début ! Les Civic Tech ont un potentiel de développement considérable face à des enjeux qui le sont tout autant. 

La Civic Tech et la Smart City


Grâce aux outils digitaux toujours plus nombreux, la Smart City intègre donc la Civic Tech au cœur de son mode de fonctionnement. Dans la ville intelligente, les revendications des citoyens remontent plus rapidement vers les élus. Impossible aujourd'hui pour les institutions de se passer des Civic Tech malgré quelques imperfections notables.

La Civic Tech en réponse à une volonté d'engagement des citoyens


C'est un fait, dans le monde entier, la méfiance vis-à-vis de la classe politique gronde. Les politiques traditionnelles n'ont plus la cote. Parallèlement, les citoyens veulent s'engager. Ils utilisent pour cela un panel d'outils et de moyens comme les réseaux sociaux ou les manifestations en pleine rue. De ces actions émergent un désir croissant d'engagement, une volonté de s'impliquer dans les décisions à échelle locale mais également nationale voire mondiale.

Impossible donc pour les technologies de ne pas surfer sur ce paradoxe. Les citoyens avaient et ont ainsi besoin d'outils pour échanger, pour dialoguer, pour communiquer avec les élus. Qu'à cela ne tienne, les Civic Tech sont là pour les aider.

Les villes, première entité de la démocratie locale ont dû faire face à ces nouveaux besoins des individus. Elles sont depuis quelques années bousculées par ces acteurs d'un nouveau genre qui souhaitent, eux aussi, prendre part à la démocratie active. Les villes ont ainsi été obligées, pour le plus grand bonheur des citoyens, de développer leur capacité d'écoute et d'adaptation.

Une nouvelle relation s'est tissée entre les acteurs de la Smart City. Les tests et expérimentations sont actuellement menés à l'échelle de la Smart City et des communautés urbaines. Un niveau optimal pour implémenter la démocratie directe. C'est en effet à ce dernier que les citoyens ont le plus de poids et impact sur les décisions territoriales.

La Civic Tech en pratique dans la Smart City


Dans les villes intelligentes du monde entier, les initiatives concrètes liées à la Civic Tech sont multiples. On pense notamment au vote participatif du budget de la ville de Paris, à la rédaction participative du plan municipal de Barcelone ou encore au projet de crowdsourcing lancé à Mexico il y a quelques temps pour sa Constitution via la plateforme Change.org. 

Quelles sont les limites de la Civic Tech ?


Si sur le papier la Civic Tech a tout pour séduire dirigeants et citoyens, en pratique, elle a aussi ses limites. La première est évidemment d'exclure certaines catégories de la population de ce mode de participation active. L'impossible inclusion de toutes les catégories est un vrai frein. On pense notamment aux personnes âgées ou aux personnes les plus démunies qui n'ont pas accès aux outils de vote digitaux. Smartphones, applications et ordinateurs ne sont pas encore dans toutes les mains. 
 
Certaines collectivités locales tentent donc de trouver des alternatives efficaces comme le doublement des outils digitaux par des moyens de vote physique. Citons l'exemple de "Voxe", une "boîte à outil des citoyens connectés" qui, en plus des informations personnalisées accessibles en ligne propose également des cours en présentiel ayant trait au civisme.

La capitale française multiplie elle aussi les moyens en mettant en place des services d'accompagnement destinés aux citoyens des quartiers populaires. Des initiatives incluses dans le budget participatif de la ville.

L'idée est ainsi que les Civic Tech fassent état d'une représentativité la plus fiable et la plus large possible des habitants de la Smart City. Pour Julie Pimodan, fondatrice de Fluicity, les outils de la Civic Tech doivent être en phase avec les usages du numérique, incitant les entités dirigeantes à se servir des plateformes expertes en lieu et place d'outils créés par leurs soins. "Il faut assumer que les Civic Tech n'ont pas à être tout de suite représentatives : la démocratie s'expérimente en permanence".

Pour Pauline Véron, adjointe à la mairie de Paris, il s'agit de "dépasser l'inertie de l'administration et la complexité des acteurs, mais aussi de doter les citoyens des compétences nécessaires". Un véritable appel à l'innovation.

Quelques outils de la Civic Tech


Enfin, penchons-nous sur des outils concrets proposés dans la Smart City pour faciliter cette démocratie participative dont on parle tant.

Vous connaissez peut-être le Drenche, ce journal de débats web et papier qui invite les citoyens à se faire leur propre idée sur les sujets sociétaux sur la base de leurs contributions.

On citera également Collecticity, une plateforme de financement participatif de projets publics. Les collectivités peuvent ici proposer à leurs administrés de s'impliquer directement dans la réalisation de certains projets locaux en fonction de leurs convictions. Ils sont invités à participer à des campagnes de type "crowdfunding".  

Enfin, le réseau citoyen Fluicity facilite le dialogue entre les élus et les citoyens par le biais de consultations directes et d'un espace d'expression.

Positives conséquences, la parole est donnée au plus grand nombre et le rapport élus/citoyens évolue. Les plus jeunes (moins de 35 ans) se saisissent de cette possibilité d'expression proposée pour faire entendre leur voix et leurs idées. La transparence et la collaboration amènent cette envie de s'impliquer tout en profitant d'une gestion des données efficace et prédictive qui se met, finalement, au service du public de la Smart City.

Les citoyens se réapproprient leur démocratie grâce à la Civic Tech. Même si des freins et limites se dressent encore à sa généralisation, même si des interrogations demeurent, les premiers résultats sont révélateurs d'une appropriation massive et appréciée des outils.

En conclusion, la Smart City n'est rien sans ses Smart Citizen. À l'heure du Big Data, l'entité "particulier" doit plus que jamais user des possibilités d'interactions et de décisions mises à sa disposition.

La construction de la ville de demain est en cours. Et la Smart City est une savante alchimie de Smart Citizen, de Smart Politique, de Smart Entreprise sans oublier de Smart développement durable !

Avez-vous déjà eu recours aux technologies proposées par la Civic Tech ? Si oui lesquelles et avec quel(s) objectifs(s) ?
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