Alors qu'Emmanuel Macron annonçait un "choc d'offre" lors de sa campagne, que la loi logement a été promulguée il y a un an et que, dans le même temps, la révolution numérique est à l'œuvre, le gouvernement assure vouloir prendre le virage des nouvelles technologies. Comment ? En généralisant l'usage de la maquette numérique, mesure intégrée dans un vaste plan à 10 millions d'euros. La technologie peut-elle faire baisser les prix de l'immobilier ? Peut-être…
Maquette numérique et immobilier neuf : le plan du gouvernement
Le plan a été lancé en novembre 2018. Depuis 12 mois, les acteurs de l'immobilier sont donc encouragés à utiliser la maquette numérique dans tous leurs projets immobiliers neufs. Ce dispositif a pour objectif de généraliser l'usage de cet outil dans la totalité des projets de construction d'ici à 2022. Il peut s'agir de bureaux, de bâtiments publics, d'ensembles résidentiels… Cette généralisation est rendue possible par la mise en place d'uns plateforme gratuite à destination des acteurs du secteur. Ils sont aujourd'hui 8 000 utilisateurs inscrits sur cette dernière.
Les nouvelles technologies pourraient constituer un moyen de diminuer les coûts du logement neuf. Cependant, elles ne peuvent à elles seules être LA solution miracle. Pour l'économiste Robin Rivaton, attention de ne pas tomber dans le "solutionnisme technologique", "même si le changement doit venir des entreprises, l'innovation des acteurs privés ne remplacera jamais l'action politique, nationale comme locale". Des avertissements développés dans le rapport que l'économiste a récemment remis au ministre en charge de Logement, Julien Denormandie.
Comment fonctionne la maquette numérique du gouvernement ?
La plateforme proposée par le gouvernement est accompagnée de la technologie BIM (Building Information Modeling). Elle s'apparente à la modélisation des données du bâtiments grâce à laquelle le processus de construction d'un bâtiment est considérablement accéléré. "Un travail collaboratif plus étroit, plus rapide et réactif à toutes les étapes" affirme le ministère de la Cohésion des territoires.
Mais plusieurs mois après le lancement de cette technologie, les acteurs du secteur sont encore réfractaires à son intégration dans leur quotidien. Pour le président de BIM 2022, Yves Laffoucrières, "le secteur de la construction est tellement fractionné que certaines PME redoutent d'avoir des coûts élevés avec le BIM (des dizaines de milliers d'euros par an pour former les salariés et louer des logiciels…) et de ne pas en retirer les bénéficies immédiatement. Mais je suis très confiant : les hésitations commencent à s'estomper."
La transformation digitale de l'immobilier neuf peine à convaincre
Si 4 000 projets ont déjà vu le jour via l'utilisation de BIM depuis une année, la transformation digitale est lentement menée dans et par le secteur de l'immobilier. Plus généralement, les techniques destinées à réduire le temps et les coûts de construction n'ont pas encore séduit la majorité des professionnels. Cependant, certaines technologies se développent progressivement. C'est le cas de la maquette numérique plébiscitée par les start-ups mais aussi de l'impression 3D. Un premier immeuble du genre est sorti de terre en mars 2018 à Nantes. Le prochain est prévu dans quelques mois à Reims. "Ces techniques sont surtout utilisées pour les maisons individuelles et peu pour les logements collectifs. Ces usages n’intéressent pas les grandes villes, car elles consomment beaucoup de foncier", explique Robin Rivaton.
Reste à observer si la technologie BIM se diffuse plus largement d'ici à 2022 et parvient à généraliser l'utilisation de la maquette numérique. L'immobilier neuf devrait en ressortir gagnant avec des acquéreurs satisfaits d'un temps de construction considérablement réduit.
Que pensez-vous de l'utilisation des nouvelles technologies par les professionnels de l'immobilier neuf ?
