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La crise du logement vue par l'urbaniste Alain Bertaud

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C’est un fait, il est de plus en plus difficile de se loger en ville. Les grandes métropoles comme Paris, New York ou encore Berlin prennent tour à tour des mesures, plus ou moins restrictives, pour tenter d’enrayer la crise du logement. Pour Alain Bertaud, urbaniste, cette crise puise ses origines dans un contexte trop contraignant et « paternaliste ». Explications.

Faire face à la crise du logement en laissant les villes évoluer à leur guise (ou presque)


Alain Bertaud amène aujourd’hui une considération minimaliste du rôle des urbanistes et des maires. Si leur expertise reste évidemment nécessaire, pour autant, la ville doit se penser et évoluer seule. Il évoque la vision trop large de certains urbanistes : « je vois de plus en plus mes collègues montrer des perspectives de rues comme s'ils pensaient qu'une ville, c'est le Club Med. Ils se disent qu'un urbaniste vraiment malin peut mettre des emplois et des logements côte à côte. Or, ce n'est pas comme ça que marche le marché de l'emploi. »


Pour Alain Bertaud, l’urbaniste doit assumer son rôle de « séparateur » en pensant les espaces différemment. La ville a besoin d’espaces privés et d’espaces publics (rues, plages…) pour un fonctionnement optimal.


Mais surtout, les habitants doivent être consultés pour créer des territoires à l’échelle des besoins et de la logique urbaine, de la vraie logique urbaine et non de celle des urbanistes qui pensent souvent les espaces en étant déconnectés des réalités : « L'urbaniste et le maire n'ont pas les informations qu'a le boulanger ou le type qui fait les chemises » résume Alain Bertaud.

Comment réagir face à la crise du logement ?


Alors que l’encadrement des loyers à Paris est de retour depuis le 1er juillet 2019, que les loyers sont bloqués à Berlin et que New York suit le même chemin, Alain Bertaud l’affirme, de tels dispositifs sont bénéfiques à court voire à moyen terme, mais pas à long terme. « Le blocage des loyers, c'est bénéfique pour les locataires existants, du moins pendant les premières années, mais vous bloquez tous les autres. Celui qui va en baver, c'est l'instituteur qui vient d'être nommé à Manhattan, n'a pas encore de logement et n'en aura jamais. »


Pour l’urbaniste toujours, l’urbanisation actuelle ne reflète pas les préoccupations et les enjeux d’aujourd’hui. Elle est en dehors des réalités. En imposant un nombre de logements à construire dans certaines zones, ils viennent rapidement à manquer pour répondre à la demande. Impossible dans une telle situation de proposer des logements bon marché. L’offre insuffisante face à la demande conduit à l’explosion des prix de l’immobilier et, par répercussion, à la crise du logement.

Un marché trop restrictif pour Alain Bertaud


Le professionnel prend l’exemple de la capitale français qui manque cruellement de logements. Paris est une ville dans laquelle la demande explose conduisant à un tel niveau de prix que les ménages sont en grande partie exclus du marché. Mais comment contrer la tendance ? En arrêtant d’être « paternaliste » pour Alain Bertaud. Selon lui, interdire la construction de logements neufs de moins de 9m² est une erreur. Les habitants ont le droit de choisir et de décider si 6m² leur suffisent. Pour l’urbaniste, si les normes de sécurité, de décence, d’hygiène… sont respectées, être (beaucoup) plus souple dans les normes imposées à la construction permettrait de commencer à enrayer la crise du logement. 

L’importance des transports en commun pour minimiser la crise du logement


La desserte des transports en commun est un élément clé dans la crise du logement. Pour Alain Bertaud « il faut un mélange de modes de transports, surtout dans une métropole comme Paris ou Shanghai avec des densités très différentes entre centre et périphérie : un plombier aura toujours besoin de sa voiture. » Dans la métropole parisienne par exemple, alterner entre transports en commun et transports individuels est indispensable. C’est le cas de cet étonnant « ballet » à Pékin : lorsque les particuliers arrivent au terminus d’une ligne de métro, ils sont pris en charge par des motos qui les emmènent jusqu’à leur domicile. Un service qui s’est spontanément mis en place et qui permet à certains salariés habitant en banlieue d’économiser jusqu’à une heure de transport quotidiennement. 


Que pensez-vous de cette vision de la crise du logement ? Êtes-vous d’accord avec une urbanisation moins « paternaliste » ?

Source : Interview Alain Bertaud - Libération

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